L'implantation des banques marocaines en Afrique
24 janvier, 2020 par
Pinpoint Conseil, Dounia MRINI
Odoo • Image et Texte

La croissance externe des banques marocaines 

La structure du marché bancaire marocain est caractérisée par une concentration relativement élevée selon la Banque centrale du Maroc , les trois 2 premières banques (AttijariWafa Bank, BMCE Bank et Banque Centrale Populaire ) représentent une part qui dépasse 60% du produit net bancaire national. Ainsi, AWB, BCP et la BMCE se sont ouvertes aux pays africains, à travers leurs principales filiales qui sont respectivement CBAO, la banque atlantique et BOA . En effet, ces banques ont la capacité, l’expertise et le soutient des établissements tel que la banque centrale marocaine, pour s’implanter dans d’autres marchés africains, surtout que ces derniers sont porteurs de croissance ce qui permet de démultiplier les gains des banques.

AWB, BMCE et BCP ont développé leur présence en dehors des frontières vers le continent africain pour accompagner des opérateurs économiques marocains, profiter des profondes transformations que connaissent les pays africains et donc améliorer leurs performances. Ils ont des stratégies différentes mais qui convergent de manière progressive, en d’autres termes, AWB a entamé son expansion en novembre 2007, par l’acquisition de 79,15 % du capital de la Compagnie Bancaire de l’Afrique Occidentale (CBAO). La BCP à son tour a procédé à la création de la holding Atlantic Financial International (ABI) en 2012, via son partenariat capitalistique avec l'ivoirien Atlantique Financial Group, et en 2015, la part de la BCP est levée à 75% de la holding. Quant à la BMCE Bank elle a procédé à l’achat de 35% d'actions de BOA, et c’est en 31 août 2010 que la BMCE Bank contrôle majoritairement l’actionnariat de la BOA. Ces deux dernières banques s’imposent progressivement dans la part du véhicule africain contrairement à AWB qui domine dès son intervention la table actionnariale. 

La croissance externe des groupes marocains sur le continent s’est principalement faite sous forme de filiales plutôt que de succursales. Cette forme d’implantation dépend dans une large mesure du contexte réglementaire. Le modèle de filiale reflète l’intention de développer les activités de la banque avec une gestion relativement indépendante des activités host, remplissant les exigences de capital et de liquidité locale. Par contre, le modèle succursale, souvent préféré pour accompagner une clientèle plus étroite d’entreprises du pays home 6 vers le pays host. En 2014, les trois groupes marocains sont présents à l’étranger à travers 40 filiales détenues directement ou indirectement, et 15 succursales. Implantées dans 22 pays africains, essentiellement, dans les deux zones monétaires de l’Afrique d’Ouest et centrale. Ces banques détiennent près du tiers des agences de la zone d’Afrique de l’Ouest 7 , quant à BNP Paribas et Société Générale en possèdent à peu près 15%. Cela affirme la volonté des banques marocaines de devenir un acteur africain structurel majeur en Afrique.

Le coté réglementaire dans la dernière décennie a joué un rôle primordial dans l’implantation des banques marocaines en Afrique. En effet, la plupart des pays africains des zones de l’Ouest et Centrale, étaient encore au stade des normes de fonds propres de Bâle I, d’autres celles de Bâle II, tandis que dans des pays tels que le Kenya, l’Égypte, le Maroc et l’Afrique du Sud, la mise en œuvre du dispositif de fonds propres de Bâle III était en cours ou finalisée. Ce qui a fait que les exigences réglementaires étaient à la portée des groupes marocains. De surplus, les barrières d’entrée relatives aux seuils minima en matière de capital social, les exigences en termes d’honorabilité et d’expérience des dirigeants, les dispositifs relatifs au gouvernement d’entreprise, aux procédures comptables, au plan de continuité de l’activité, au contrôle interne et à la lutte contre le blanchiment des capitaux et financement du terrorisme, étaient facilement satisfaites par les groupes bancaires marocains, qui exercent déjà dans un marché plus exigeant.

D’ailleurs, la BMCE était la première banque marocaine à s’implanter en Afrique, puis la BCP et après vient AWB. En effet, l’activité de ces trois groupes en Afrique représente une forme de complémentarité concurrentielle, qui permet d’améliorer la compétitivité du secteur bancaire marocain en Afrique. Il est constaté qu’en plus qu’ils exercent les mêmes métiers, chaque groupe est concentré sur un métier déterminé, qui lui permet de développer sa compétitivité envers les autres groupes panafricains.

En ce qui concerne AWB, la première banque marocaine en terme de crédits et de dépôts, elle a adopté une stratégie d’acquisition agressive entre 2008 et jusqu’en 2014, en rachetant cinq filiales du groupe français crédit agricole en Afrique de l’Ouest et Centrale. Elle est actuellement la première banque dans la zone UEMOA en termes d’activité de banque de détail. Cette dernière a représenté en Afrique en 2014, 18% des activités et 15% du produit net bancaire du groupe. Tel est son activité dans la banque AWB Tunisie où il y a une convergence entre les dépôts et les crédits pour un taux de translation proche de 1 tout au long de la période 2008-2017, ce taux diffère dans d’autres pays tel que la Côte d’ivoire où il connait des soubresauts, ou le Sénégal avec 0.8, mais reste généralement élevé.

Le groupe BCP, deuxième au Maroc en termes de dépôts, de crédits et de taille de bilan, oriente son métier en Afrique principalement vers la microfinance. En 2014, le PNB du réseau Banque Atlantique a contribué à hauteur de 14% du produit net bancaire du groupe, et qui a atteint plus de 1.55 milliards de dollars, et un résultat avant impôt de 359 millions de dollars. Il a procédé en 2014, à la création d’un établissement de microfinance au Mali, la promotion de microcrédit au Gabon, financement au Cote d’Ivoire d’un établissement de microfinance, et le financement par sa fondation Attawfik microfinance d’un programme d’aide à l’accès des femmes ivoiriennes aux microcrédits.

Le groupe BMCE se focalise en Afrique, surtout, sur le financement des entreprises, la banque d’investissement et les activités de marché. La banque d’affaires BMCE Capital, filiale du groupe BMCE Bank, a été retenue, en 2004, comme conseiller financier du port de Dakar pour l’émission d’un emprunt obligataire de 50 millions d’euros. Et récemment, en 2014, le gouvernement ivoirien a mandaté la BMCE en tant que conseiller pour une importante émission d’Eurobond . Depuis mai 2013, BOA Capital, filiale du groupe BMCE, dédie en Afrique ses activités aux marchés de capitaux actions et dettes, à la gestion d’actifs,au conseil en fusions-acquisitions, et à l’accompagnement de projets d’introduction boursière.

Pinpoint Conseil, Dounia MRINI
24 janvier, 2020
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